Izquierda Marxista

Europa- Estados Unidos: un desequilibrio inestable

 

Autor: Michel Husson

Fecha: 1/1/2004

Traductor: Rossana Cortéz- Especial para P.I.

Fuente: Hussonet- web site de M.Husson


Michel Husson
EUROPE/ETAT-UNIS : UN DESEQUILIBRE INSTABLE
article pour Inprecor
L’économie mondiale est aujourd’hui placée sous le signe des paradoxes et des quiproquos.
Plutôt que de traiter de la conjoncture en tant que telle, on cherchera ici à mettre en lumière
les contradictions d’une configuration de plus en plus instable.
Retour sur le paradoxe de l’euro.
Toute la conception de la construction européenne reposait sur le postulat selon lequel la
monnaie unique ne pouvait naître que comme une monnaie forte, mais c’est l’inverse qui s’est
produit. La décennie consacrée à la mise en adéquation avec les critères de Maastricht est
inaugurée en 1992 par une crise de spéculation monétaire qui n’empêche pas l’euro, ou plutôt
le panier de devises équivalent, de se renforcer vis-à-vis du dollar et d’atteindre en 1995 une
valeur élevée de 1,31 dollar. Mais à sa mise en place en janvier 1999, date à laquelle les taux
de change des monnaies qui le constituent sont figés pour l’éternité, l’euro ne vaut plus que
1,18 dollar. Et il continuera à chuter jusqu’à un minimum de 0,90 atteint en 2001, qui équivaut
à une dévaluation de fait de 30 % par rapport au précédent sommet.
Que s’est-il passé ? On ne peut soupçonner les autorités européennes d’avoir voulu dévaluer
l’euro et ce glissement a été accueilli avec surprise, et une certaine inquiétude. En réalité, ce
n’est pas l’euro qui a baissé, mais c’est plutôt le dollar qui a monté. Il bénéficiait d’un cercle
vertueux grâce aux rendements élevés offerts par l’économie étasunienne qui servait en outre
de refuge aux capitaux rapatriés des pays frappés par les crises financières successives
(Mexique, puis Asie, puis Russie). Le dynamisme des Etats-Unis, fondé sur les charmes de la
« nouvelle économie » compensait largement le creusement du déficit extérieur, qu’il était
donc facile de financer par cet afflux permanent de capitaux.
Du côté européen, l’expérience grandeur nature de la reprise 1997-2001, dopée par la baisse
de l’euro, a permis de prendre rétroactivement la mesure des ravages exercés par cette
politique dite « désinflation compétitive », qui était devenue la nouvelle norme en Europe. On
a pu vérifier à quel point les exportations européennes étaient sensibles au taux de change.
Ainsi une étude du ministère de l’Industrie 1 montre qu’une variation du taux de change de
10 % vis-à-vis du dollar « exerce au bout de 3 ans des effets importants sur la production de
certains secteurs, de l’ordre de 2 à 3 % pour un vaste secteur comme le matériel électrique,
jusqu’à 8 à 10% pour de plus petits secteurs comme la confection ou les chaussures ». De
plus, une appréciation du dollar favorise l’activité dans les secteurs les plus riches en emploi. Il
n’est donc pas surprenant que la baisse de l’euro ait dopé les exportations européennes dans
leur ensemble, faisant sortir la conjoncture européenne d’une morosité ambiante, celle-là
même qui avait convaincu Chirac de dissoudre l’Assemblée nationale en 1997.
Il semble que se met alors en place, entre les Etats-Unis et l’Europe, une forme de division du
travail plutôt opérationnelle. La croissance aux Etats-Unis se transmet à l’Europe par le biais
du commerce extérieur sur la base d’une forte demande des uns et d’une bonne compétitivité
des autres. On peut même parler d’un jeu triangulaire qui s’ajuste sur le Japon : celui-ci est
écrasé dans la stagnation, plombé en partie par la surévaluation du yen. Il continue à dégager
d’importants excédents commerciaux, non plus en raison de la compétitivité de ses
exportations mais d’une croissance interne à peu près nulle. Ces excédents équivalent à des
1 « L’impact sectoriel du taux de change du dollar », SESSI, Ministère de l’Industrie, Le 4 pages n°81, septembre
1997


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